Une steppe à la française ? Bienvenue dans le Cézallier
Si je vous dis « Mongolie », vous pensez à quoi ? Des immenses plaines ondulantes, des chevaux en liberté, des vents qui chantent aux oreilles… Bref, du grandiose, du sauvage, du pur. Et si je vous disais que tout cela, vous pouvez le trouver sans quitter la France ? Étonnant, non ? Pourtant, c’est exactement ce que propose le Cézallier, ce petit bout d’Auvergne qu’on surnomme – avec raison – la « petite Mongolie française ».
Ce coin méconnu, tapi entre les volcans du Cantal et les Monts Dore, est un trésor caché. Et je vous promets qu’après avoir mis les pieds sur ses terres, vous ne regarderez plus jamais le Massif central du même œil. Allez, on s’équipe, on chausse les chaussures de rando, et on part à la découverte de ce bout du monde… en plein cœur de l’Hexagone.
Le Cézallier : une île de verdure au milieu d’un océan de volcans
À mi-chemin entre Clermont-Ferrand et Aurillac, posé là comme oublié par les dieux de la géographie, le plateau du Cézallier s’étend sur près de 1000 mètres d’altitude. Ici, point de pics acérés ou de gorges vertigineuses. Le relief se fait doux, ouvert. Un monde de collines basses et ondulantes, couvertes de prairies. Pas étonnant que certains y voient une ressemblance frappante avec les paysages mongols – il ne manque que les yourtes !
Ce n’est pas pour rien que les locaux parlent de leur « petit Tibet auvergnat ». Avec cette sensation de solitude immense, ces lumières qui changent à chaque nuage, et cette ambiance presque méditative, le Cézallier est une parenthèse hors du temps. On respire mieux ici. Littéralement.
Un patchwork de couleurs et de saisons
Impossible de parler du Cézallier sans évoquer sa palette de couleurs. Au printemps, c’est un déluge de verts tendres et de fleurs sauvages. L’été, les herbes hautes blondissent sous le soleil, contrastant avec les ciels d’un bleu profond. Et l’automne… ah, l’automne. Une explosion de rouges, d’orangés, de bruns. Même les moutons semblent s’être mis à l’heure automnale.
C’est aussi un territoire où les saisons ont encore leur mot à dire. Ici, l’hiver est rude (pensez Mongolie, vous vous souvenez ?), la neige enveloppe les plateaux, les vents balaient les crêtes. Mais pour les amateurs de vraies ambiances hivernales (et de photo !), c’est un terrain de jeu fabuleux.
Une terre de silence… et de moutons
Autant être honnête, si vous cherchez des villes branchées, des boutiques de créateurs et des soirées cocktails sur rooftops, passez votre chemin. Le Cézallier, c’est une friche pastorale à ciel ouvert. Les seuls bouchons qu’on y croise ? Des troupeaux de vaches Salers ou de moutons. Et franchement, ça fait un bien fou.
D’ailleurs, plus que la Mongolie, on pourrait même y voir un brin d’Écosse. Ce vent constant, cette lande sans fin, les lacs sombres et mystérieux comme celui du Pêcher ou de Montcineyre… Si vous tendez bien l’oreille, vous entendrez presque les cornemuses du Loch Ness (ou un berger qui appelle son chien, c’est selon).
Des villages hors du temps
Le Cézallier, ce n’est pas seulement des paysages : c’est aussi toute une mosaïque de villages comme suspendus au fil des siècles. Massiac, Allanche, Marcenat ou encore Pradiers… Ces petites communes discrètes respirent l’authenticité. Ici, le rythme est lent mais profond. On discute avec les anciens sur les bancs, on découvre des églises romanes planquées, on goûte du fromage fabriqué à dix kilomètres à la ronde.
Et ne manquez surtout pas le marché d’Allanche (le mercredi, si vous voulez vraiment plonger dans la vie locale). On y croise autant de producteurs que de conversations truculentes – parfois en patois, si vous êtes chanceux.
À pied, à vélo, ou avec un drone : comment explorer le Cézallier ?
Si vous me permettez un petit conseil perso : pour découvrir le Cézallier, il faut ralentir. Vraiment. Ce paysage ne se laisse pas apprivoiser en quatrième vitesse. Le moyen idéal ? La randonnée. Avec plus de 500 kilomètres de sentiers balisés, vous avez de quoi faire.
Quelques idées qui valent le détour :
- Le GR 30 : il fait le tour des lacs et passe par le Cézallier. Idéal pour une immersion sur plusieurs jours.
- Le tour du Signal du Luguet : point culminant du plateau (1551 m), accessible et panoramique.
- Les chemins des muletiers : autrefois utilisés pour transporter le fromage ou les outils agricoles entre les fermes isolées.
Les cyclistes ne sont pas non plus oubliés : la GTMC (Grande Traversée du Massif Central) y fait un crochet très apprécié. Et si vous êtes team « nouvelle technologie », sortez le drone. Le Cézallier vu d’en haut, c’est une claque visuelle magistrale.
Une biodiversité surprenante
On ne s’attendrait pas à croiser tant de vie ici, n’est-ce pas ? Pourtant, le plateau du Cézallier est un refuge pour de nombreuses espèces. La flore, déjà, est exceptionnelle : gentianes, trolles, anémones des bois… un vrai herbier géant.
Côté faune, les ornithologues en herbe (ou les observateurs du dimanche) pourront repérer :
- Le milan royal, planeur majestueux du ciel auvergnat.
- Le bruant jaune, petit chanteur infatigable sur les clôtures de bois.
- Le papillon Apollon, rare et protégé, qui fait parfois son apparition en été.
Les tourbières du Cézallier abritent en outre une vie microscopique étonnante, et les naturalistes s’y régalent. Mais chut… le Cézallier aime garder ses secrets pour ceux qui prennent le temps de regarder.
Une parenthèse hors réseau (mais ça fait du bien)
Pas de 4G ? Parfois. Pas de Wi-Fi ? Souvent. Et si c’était justement ce qui faisait la magie du Cézallier ? Dans un monde où tout nous connecte en permanence, ce plateau impose une déconnexion douce, naturelle. On redécouvre le plaisir d’un livre à l’ombre d’un muret de pierres sèches, celui d’un pique-nique improvisé face à l’infini, ou encore d’une sieste rythmée par le chant des grillons.
Et croyez-moi, quand on revient en ville après ça, on se surprend à lever les yeux et chercher la ligne d’horizon. Vous savez, celle qu’on voit bien là-haut, à 1000 mètres, entre deux collines, sous un ciel trop grand pour être vrai…
Alors, on y va quand ?
Le Cézallier n’est pas une destination « à cocher sur une liste ». C’est une expérience, un souffle, une claque douce. Il ne vous raconte pas qu’il est extraordinaire, il l’est naturellement. Il vous prend par surprise avec ses lumières rasantes, son silence habité, et ses routes désertes qui serpentent sans fin.
Et puis, entre nous, dans un monde où tout le monde cherche le prochain spot Instagrammable ou la destination insolite ultime, quelle plus belle aventure que de redécouvrir un coin de France qui ressemble à tout sauf à ce qu’on attend ?
Quant à moi… La prochaine fois que quelqu’un me demande si j’ai déjà mis les pieds en Mongolie, je répondrai avec un sourire : « Pas encore. Mais j’ai traversé le Cézallier. »
Et croyez-moi, c’est tout aussi dépaysant.